Pourquoi éviter de gronder un enfant bloqué dans son apprentissage : une approche fondée sur les neurosciences

En tant qu’enseignants, parents, ou animateurs de l’aide aux devoirs, nous rencontrons régulièrement des enfants qui, face à une difficulté, se retrouvent « bloqués » dans leur apprentissage. Ils peuvent sembler perdus, inquiets, voire totalement figés devant une tâche simple qu’ils n’arrivent pas à accomplir. Parfois même, la veille ils savaient faire et maintenant, c’est impossible. La tentation de les gronder ou de les pousser plus fort est souvent présente, mais il est essentiel de comprendre pourquoi cela est non seulement inefficace, mais aussi potentiellement contre-productif. Les neurosciences apportent un éclairage précieux pour mieux comprendre ce phénomène.

Le cerveau en mode « survie » : une réaction biologique

Lorsqu’un enfant se sent dépassé par une tâche, surtout dans un cadre scolaire, il peut entrer dans un état de stress intense. Ce stress active une partie très ancienne de son cerveau : le cerveau reptilien ou cerveau de survie. Ce dernier est responsable de gérer les situations perçues comme des dangers. En lien avec le cerveau limbique ou émotionnel qui vient de faire un court-circuit avec le néo-cortex (partie du cerveau qui permet d’apprendre), l’enfant ne peut pas consciemment permettre à l’information (la connaissance) de circuler.

Historiquement, ce cerveau archaïque nous a permis de fuir ou de combattre face aux menaces physiques. Or, face à une difficulté scolaire, un enfant perçoit parfois cette situation comme une forme de danger (même s’il n’en est pas conscient) et réagit en conséquence. Cela se manifeste par une envie de fuir, de se défendre, ou de se figer.

Lorsque l’enfant est bloqué dans cet état, son cerveau émotionnel (limbique) et rationnel (cortex préfrontal) sont déconnectés. Cela signifie que son accès à la réflexion, à la concentration et à la résolution de problèmes est fortement compromis. En d’autres termes, il est biologiquement incapable de se concentrer pour apprendre.

Repérer l’état de l’enfant

Avant de tenter d'aider un enfant en difficulté, il est crucial de savoir reconnaître les signes de cet état de blocage. Ces signes peuvent inclure :

Un regard vide ou fuyant
Une attitude de repli ;
Des gestes nerveux ou des tics ;
Des comportements d’évitement (par exemple, demander à aller aux toilettes fréquemment) ;
Une attitude figée, sans réponse ou très lente à réagir ;
Des pleurs ou des manifestations d’irritation ou de colère.

 
Ces signes indiquent que l’enfant est en mode « survie » et qu'il est important de ne pas le pousser davantage. Le gronder, lui dire qu’il n’a « qu’à faire un effort », ou lui faire sentir qu’il « n’y met pas du sien » ne ferait qu’aggraver son sentiment de danger. Cela renforce sa perception que la situation est menaçante, accentuant encore son état de blocage.

Comment l’aider à sortir du mode « survie »

La première étape pour aider un enfant dans cette situation est de reconnaître et de valider ce qu'il ressent. En lui montrant que vous comprenez son état, vous commencez à le rassurer. Une simple phrase comme « Je comprends que tu te sens en difficulté pour apprendre, c’est ça ? » peut déjà amorcer le processus de désamorçage de son cerveau de survie.

Ensuite, il peut être utile de l'inviter à ressentir ce qui se passe dans son corps. Cela permet de l’aider à reconnecter son esprit et son corps, facilitant la sortie de l’état de stress. Voici quelques questions que vous pouvez lui poser :

« Où est-ce que tu ressens cette difficulté dans ton corps ? »
« Est-ce que ton ventre est noué ? »
« Est-ce que ton cœur bat vite ? »
Cela l’aide à prendre conscience de ses sensations physiques et à sortir peu à peu du piège de la réaction instinctive s’il ne cherche pas à contrôler ses ressentis.

Il ne peut pas faire autrement : comprendre et accepter

Il est crucial d’accepter que l’enfant ne peut pas « faire autrement » tant qu’il est coincé dans cet état de survie. En tant qu'adulte, vous avez la possibilité de l’accompagner dans ce moment difficile en reconnaissant que sa réaction est normale, naturelle et profondément ancrée dans notre biologie. Le cerveau reptilien nous a sauvé à travers les âges, mais il n’est pas adapté aux défis modernes comme les mathématiques ou la lecture. Cependant, l’enfant ne peut pas en sortir sans une aide bienveillante et rassurante.

Le gronder ou lui mettre la pression reviendrait à renforcer son ressenti de danger. Il peut alors se sentir encore plus figé, comme face à une menace de mort. Ce qui était à l'origine une simple difficulté devient un cercle vicieux où l'enfant se sent impuissant et vous aussi.

La méthode Reset 0 stress : un outil efficace

Pour aider les enfants à se libérer de ce piège du cerveau de survie, une approche simple et rapide est la méthode Reset 0 stress. Cette méthode repose sur l’utilisation de la mémoire sensorielle pour permettre à l’enfant de se reconnecter à son corps et à ses sensations, et ainsi sortir de l’état de stress.

La technique est facile à apprendre et peut être enseignée aux enfants à l’aide d’un petit livre de la collection intitulée "J’apprends à faire Reset 0 stress pour me libérer de mes peurs". Ces guides offrent des exercices pratiques que l’enfant peut faire de manière autonome ou avec l’aide d’un adulte.

L’objectif est de l’amener à réinitialiser son système nerveux, à revenir à un état de calme, où il pourra de nouveau mobiliser ses capacités cognitives pour apprendre.

Conclusion

Gronder un enfant qui bloque dans son apprentissage ne fait que renforcer son état de stress et d’impuissance. Comprendre les mécanismes du cerveau et les réactions naturelles face à la difficulté permet d’adopter une attitude bienveillante et efficace. En rassurant l’enfant, en reconnaissant ses émotions et en l’aidant à sortir du mode « survie », vous favorisez un environnement propice à l’apprentissage. Avec des outils simples comme la méthode Reset 0 stress, il est possible de transformer une situation bloquante en une opportunité de croissance et d’apprentissage.

Soyez patient, bienveillant, et rappelez-vous que parfois, l’apprentissage ne dépend pas seulement de la volonté de l’enfant, mais de sa capacité à sortir du piège de son cerveau archaïque.

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